Sophie-Andrée Blondin: raconter la science

Le 20 avril avait lieu le dernier entretien présenté dans le cadre de la série Passion sciences. Cette fois, c’est l’animatrice de la série, Sophie-Andrée Blondin (B.A. communication, 1985), qui s’est prêtée au jeu. Celle qui présente chaque semaine le magazine radiophonique d'actualité et de culture scientifiques de Radio-Canada Les années lumière était interviewée par Nicolas Langelier (B.A. communication 2001), membre comme elle du mouvement des Originaux. Ce journaliste primé pour ses essais et reportages alimente les discussions sur les enjeux contemporains grâce au magazine Nouveau Projet, dont il est le rédacteur en chef.

Le rêve de jeunesse de Sophie-Andrée Blondin était de devenir médecin de campagne… si elle n’avait pas été découragée de poursuivre des études en sciences, les mathématiques étant sa bête noire. Au moment de choisir son domaine d’études universitaires, elle se reconnaît un certain talent pour les mots et la communication, et opte pour un baccalauréat en communication. De son passage à l’UQAM, elle garde d’excellents souvenirs. L’animatrice  évoque le formidable talent de Pierre Bourgault, qui donnait un cours de communication orale, la grande ouverture de Jean-Pierre Desaulniers, connu pour son approche anthropologique proposant un regard oblique sur la communication, et l’amour de la bande dessinée qu’elle partageait avec Philippe Sohet. C’est toutefois dans le profil cinéma qu’elle choisit d’étudier, ne souhaitant pas marcher dans les pas de son père, Robert Blondin, réalisateur et animateur à la radio. Et pourtant, la graine était semée! 

Du cinéma pour l’oreille
Aujourd’hui animatrice scientifique à la radio, Sophie-Andrée aime utiliser cette métaphore pour parler de son métier: «Je fais du cinéma pour l’oreille, j’utilise une forme de langage pour planter un décor.» Elle nous confie aussi que «l’outil le plus important de ma formation à l’UQAM, ça a été le travail en équipe. Collaborer, écouter, faire des compromis, oser apporter des suggestions. Toute ma vie, cela m’a servie!»

Jeune diplômée, revenant d’un long voyage en solitaire de neuf mois après avoir parcouru l’Europe et le Moyen-Orient… tout est possible! Avec d’anciens complices de l’UQAM, elle débute comme journaliste à l’émission Caméra 86 de Télévision 4 saisons, une toute nouvelle station de télévision privée, ainsi qu’à la Télévision des jeunes du Québec (TVJQ) avec le réalisateur Raymond St-Jean (B.A. communication, 1985), qu’elle a connu sur les bancs d’université. Télé-Métropole la remarque et lui propose d’intégrer la célèbre revue d’actualité culturelle du temps, Bon dimanche

Alors qu’elle se destinait à une carrière dans le monde du 7e art, cette journaliste curieuse et polyvalente a trouvé son accomplissement professionnel dans un tout autre domaine. Elle affirme sans hésiter: «L’arrivée de la science dans ma vie a été un virage inattendu. Lorsque j’ai compris que les sciences, c’est aussi des histoires à raconter, ma créativité a éclos.»

C’est à la suite d’un processus rigoureux pour remplacer Yannick Villedieu à la barre de l’émission Les années lumière qu’elle sent qu’on lui fait confiance et, peu à peu, elle se sent légitimée pour réaliser les entrevues scientifiques à sa manière, en suivant son instinct. Son conseil pour la relève? Oser davantage et foncer.

L’impact de la pandémie
Au sujet de la pandémie, Sophie-Andrée Blondin fait remarquer l’impact que la COVID-19 a eu sur son émission. La crise a généré un intérêt accru pour la science et les cotes d’écoute, en continuelle augmentation, ont atteint un sommet inégalé. Selon elle, le contexte de la pandémie a certainement ouvert une porte pour intéresser un plus large public aux questions scientifiques. Cela dit, elle mentionne aussi l’effort constant de créativité qui est exigé des journalistes dans le traitement de la COVID, un sujet ayant été traité au moins 175 fois dans la dernière année, du jamais vu! 

L’émission est maintenant diffusée en direct pour pouvoir suivre l’actualité, tant celle-ci évolue rapidement. «Je suis vraiment fière du travail qu’on fait, dit-elle. On réussit à apporter un angle original et à être à l’avant de la parade, scientifiquement parlant.»

La communicatrice chevronnée se pose toutefois beaucoup de questions et se sent démunie lorsqu’elle constate l’ampleur que prend l’opinion par rapport aux faits dans l’espace médiatique. «Comme journaliste, j’ai l’obligation d’apporter des faits.» Tout en appréciant d’avoir accès à une information en continu, elle déplore la rapidité et la répétition associées aux réseaux sociaux, qui n’est pas que bénéfique, selon elle. Les algorithmes des médias sociaux sont une caisse de résonnance, remarque-t-elle, et cela lui fait peur d’imaginer jusqu’où cela peut nous mener. 

«Les gens aiment le blanc et le noir, la nuance n’étant pas ce qui est le plus sexy, dit-elle. Mais la vie, c’est du gris.» Elle espère que les médias non spécialisés vont continuer de faire plus de place à la science. Elle souhaiterait que celle-ci soit présente au quotidien. 

Des envies inassouvies, d’autres rêves à réaliser? La formule documentaire et la possibilité d’approfondir des sujets l’intéressent tout particulièrement. Elle vient d’ailleurs tout juste de terminer un projet d’adaptation d’un balado de la CBC sur MK-Ultra, qui raconte des expériences de lavage de cerveau financées en partie par la CIA qui ont eu lieu à Montréal. Selon elle, un nouveau chapitre de la radio s’écrit avec la baladodiffusion, une façon de raconter des histoires qui rejoint la nouvelle génération.  

Elle demeure, malgré tout, convaincue que «la radio est increvable». Avec la radio, dit-elle, on entre dans l’oreille des gens… 

La série Passion sciences des Originaux était organisée par le Bureau des diplômés dans le cadre de la campagne majeure de financement de l'UQAM 100 millions d’idées

Toutes les entrevues sont disponibles sur UQAM.tv

Source : Actualités UQAM
Photo: Nathalie St-Pierre

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