Michel Séguin,
bourse personnalisée
Jumeler un doctorat en philosophie à une maîtrise en économique est certes un parcours atypique. C’est aussi ce qui a permis à Michel Séguin, professeur à l’École des sciences de la gestion (ESG UQAM) de développer, un peu par accident, une expertise différente, mais cohérente. « J’ai d’abord étudié en philosophie parce que je trouvais ça noble, mais au niveau de ma carrière, ça a été la meilleure décision que j’ai pu prendre », raconte celui qui œuvre depuis à amener la démarche éthique au cœur des décisions d’entreprises.
Avec l’humain qui occupe plus que jamais une position centrale au sein des organisations, les décisions purement empiriques, basées par exemple sur le taux de productivité, perdent leur raison d’être. « De plus en plus, on se pose des questions comme “Est-ce la bonne chose à faire?” La question de sens, concernant la valeur et la légitimité d’une décision, revient souvent et il y a peu de profils qui permettent d’y répondre », explique le professeur, qui accompagne également le Mouvement Desjardins dans la transformation de sa gouvernance.
En plus d’avoir contribué à inclure l’éthique dans le cursus général des étudiants de l’ESG UQAM, Michel Séguin a créé une bourse personnalisée destinée aux étudiants à la maîtrise, tous domaines confondus, qui intègrent la notion d’éthique dans leurs recherches. « Tout ce qui a orienté ma carrière, c’est l’idée d’amener du sens dans les décisions, et dans toutes les disciplines, il y a des décisions à prendre », explique le titulaire de la Chaire de coopération Guy-Bernier de l’ESG UQAM.
Cette Bourse Services Praxie en éthique a été créée en collaboration avec son associée, une ancienne étudiante avec qui il a démarré l’entreprise Services Praxie. Ce cabinet de consultants en éthique accompagne les organisations dans leurs décisions et stratégies. En plus d’assouvir ses désirs d’entrepreneur, ce projet permet au professeur Séguin de « contextualiser son enseignement et de mieux comprendre les besoins de recherche. »
L’éthique est un point central des réflexions de Michel Séguin. Pour expliquer sa motivation à contribuer à la Fondation de l’UQAM, il parle en termes d’égoïsme normatif. Un concept selon lequel une personne agit éthiquement par égoïsme. « Moi, je poursuis mon bonheur et mon but est d’être heureux. L’idée de donner, ça me rend heureux, concède-t-il. Je travaille pour donner du sens et faire un don, ça a donné du sens à ce que je fais. »
Il ajoute qu’il a lui-même été surpris de l’apport de l’éthique dans son cheminement et que si la bourse peut stimuler des étudiants à prendre aussi ce chemin, c’est un pas de plus dans la bonne direction. Selon lui, « l’éthique c’est joli, c’est gentil, mais il demeure que c’est de plus en plus pertinent. »
Publié le 06/06/2017