La journaliste Sophie-Andrée Blondin (B.A. communication, 1985) animait le 27 janvier dernier la dernière Classe virtuelle des Originaux offerte dans le cadre de la série «Les femmes qui font bouger les choses». Elle s’est entretenue avec la directrice générale et fondatrice de l’École nationale de l’humour (ÉNH) Louise Richer (B.Sp. Psychologie 1976) afin de mieux cerner son «AOC» (pour audace, originalité et constance).
«La vie n’est pas une ligne droite et il y a des virages plus difficiles à négocier», affirme celle qui définit l’audace comme une soif de cohérence intérieure. Malgré la peur, les doutes et les embûches, Louise Richer aime aller de l’avant, engagée dans ses projets qu’elle défend avec passion. Elle croit en la déstabilisation, un état de fragilité qui nous invite à réagir, à être proactif et à évoluer.
Encouragée par son père à cultiver le goût d’apprendre, elle décide de poursuivre des études universitaires en psychologie pour mieux comprendre l’humain. Elle découvre, au même moment, la discothèque étudiante LUDUCU, lieu de prédilection du groupe Beau Dommage. Louise Richer y côtoie une faune artistique et culturelle d’une grande effervescence. Cette immersion dans le monde de la création lui donne le goût d’aller étudier le jeu à New York.
Lors de la première soirée d’humour des Lundis des Ha! Ha!, en 1983, Louise Richer est entourée de jeunes artistes prometteurs, mais méconnus. Elle ressent alors le besoin d’encadrer le développement de ces créateurs, tout en leur donnant accès à des ressources et à de la formation. D’où l’idée de créer une école de l’humour. «Je ne m’attendais pas à devenir une guerrière», confie Louise Richer en parlant des préjugés auxquels elle a dû faire face pour mettre son projet d’école sur pied. Créée en 1988, l’École nationale de l’humour a été reconnue par le ministère de l’Éducation quatre ans plus tard.
L’humour c’est sérieux!
La lauréate d’un Prix Reconnaissance de l’UQAM en 2010 a toujours eu la ferme conviction que la formation devait reposer sur la qualité relationnelle. Elle favorise une approche d’accompagnement du créateur, du citoyen et de l’humain. «La démarche est hautement introspective; ta matière première, c’est toi-même», dit Louise Richer. Il appartient toutefois à l’étudiant de créer sa «persona humoristique».
L’humour est un sujet de recherche sérieux, porteur de riches enseignements. En 2012, l’École nationale de l’humour créait l’Observatoire de l’humour au Québec, en collaboration avec l’Association des professionnels de l’industrie de l’humour (APIH). Le 27 décembre dernier, l’équipe du magazine de culture scientifique Les Années lumière, animé par Sophie-Andrée Blondin sur les ondes de Radio-Canada, s’est penchée sur le sujet en présentant une émission spéciale intitulée la Science du rire.
Le rire a une fonction essentielle dans la vie, croit Louise Richer. Il ne faut jamais perdre de vue les enjeux de société lorsqu’on aborde certains sujets, parfois délicats, et ce, afin d’éviter la polarisation. Grâce à une écoute mutuelle, à une diversification des profils et des publics et à la multiplication des plateformes, l’humour peut dépasser les clichés et proposer des modèles nouveaux ainsi que des contenus différents.
L’évolution signifie aussi pour Louise Richer une plus grande sensibilité, une bienveillance et une volonté d’humaniser les milieux de travail. Selon elle, les organisations devraient se soucier de créer un climat sain dans l’objectif de rendre les gens heureux, d’avoir des employés plus engagés et motivés. Dans le cadre de ses conférences, Louise Richer poursuit son travail de valorisation de l’humour, un puissant vecteur d’humanisation des milieux professionnels. Investie de l'Ordre du Canada en 2016 pour sa contribution à l’épanouissement des arts du spectacle en tant que directrice de l’ÉNH, Louise Richer formule le souhait de mettre sur pied une chaire de recherche multidisciplinaire de l’humour au cours des prochaines années.
Un conseil pour se lancer en affaires ou pour démarrer un projet? «Pour durer, il faut valoriser la réciprocité, l’écoute et le fait qu’on a toujours à apprendre des autres», lance Louise Richer.
L’intégrale de cette rencontre entre deux diplômées faisant partie du Mouvement des Originaux est disponible en ligne. On peut dès maintenant réserver sa place pour participer à la nouvelle série de Classes des Originaux «Passion sciences». Sophie-Andrée Blondin sera de retour le 16 février prochain pour s’entretenir avec la physicienne de renommée internationale Pauline Gagnon (B.Sc. Physique 1978). Inscription gratuite en ligne.