Un album jeunesse créé par des élèves du Nunavik

Sept élèves d’une école primaire du Nunavik ont créé un album jeunesse bilingue – en français et en inuktitut – avec l’aide d’une équipe du Département d’études littéraires. Inspiré d’un récit traditionnel inuit, le livre L’inugagullirq a été publié par le Laboratoire international de recherche sur l’imaginaire du Nord, de l’hiver et de l’Arctique, dirigé par le professeur Daniel Chartier, en coédition avec le projet Un livre à la fois et en collaboration avec l’école Nuvviti d’Ivujivik, un village du Nunavik de quelque 400 habitants. Le projet a obtenu un financement du Fonds pour l’histoire du Canada du ministère du Patrimoine canadien.

La collaboration entre l’UQAM et l’école primaire Nuvviti a débuté l’an dernier. Daniel Chartier et la diplômée Nelly Duvicq (Ph.D études littéraires, 2015), enseignante de français à cette école, souhaitaient adapter le projet Un livre à la fois au Nunavik. Créé en 2017, le projet né d’une collaboration entre la Faculté des arts et l’école primaire Champlain de Montréal a permis à des centaines d’enfants de 4 à 7 ans de créer des livres jeunesse. «Puisque les élèves du Nunavik apprennent le français plus tard qu’à Montréal, nous avons adapté le projet selon l’âge des enfants», mentionne la professeure du Département d’études littéraires Geneviève Lafrance, fondatrice du projet Un livre à la fois. Les sept élèves qui ont pris part au projet ont entre 10 et 12 ans, sont en cinquième, sixième et septième année du primaire et ont travaillé sous la supervision des enseignants en français Nelly Duvicq et Georges Michel Tamdjou.

Un projet rassembleur
À la rentrée de l’automne 2022, les deux enseignants de l’école Nuvviti ont fait découvrir le projet Un livre à la fois à leurs élèves en leur présentant quelques-uns des livres réalisés à l’école Champlain. Cela leur a permis de s’approprier le concept et de réaliser que la création d’un album jeunesse était à leur portée.  Deux artistes aînées d’Ivujivik sont ensuite venues à l’école présenter des récits traditionnels inuits. «Les enfants se sont inspirés de ces récits pour créer leur propre histoire, souligne Geneviève Lafrance. Nous avions à cœur que l’histoire soit ancrée dans l’univers narratif et visuel des enfants.»

En novembre, Geneviève Lafrance, Daniel Chartier et l’étudiante à la maîtrise en études littéraires Alexandrine Hugonnier ont rendu visite aux élèves. Ils les ont aidés à peaufiner le texte de l’histoire et ont animé des ateliers d’arts visuels basés sur des techniques de linogravure, de pochoir et de dessin. «Les enfants ont eux-mêmes fait les illustrations et ont traduit l’histoire du français à l’inuktitut», précise Geneviève Lafrance. Les textes et images ont ensuite été confiés à l’étudiante au certificat en création littéraire Roxanne Barbeau-Lépine, qui a réalisé la mise en page. Le livre a été imprimé à 300 exemplaires.

Transmettre un héritage
En mars, Geneviève Lafrance et Alexandrine Hugonnier sont retournées à l’école Nuvviti pour enregistrer une version audio du livre. «Des élèves ont fait la lecture en français et en inuktitut, pendant que d’autres se chargeaient du bruitage, affirme la professeure. Des chants de gorge effectués par des habitantes d’Ivujivik ont accompagné la lecture.»

L’école a organisé un lancement à la fin mars. «Ce fut un événement extraordinaire auquel ont assisté plus de 60 habitants du village de toutes les générations, souligne Geneviève Lafrance. Les enfants ont reçu leur copie imprimée et en ont remis à des habitants du village, ce qui leur a permis de transmettre un héritage et d’être valorisés en tant que passeurs de culture.»

Une suite à L’inugagullirq est prévue l’an prochain. L’équipe de l’école Nuvviti comptera d’ailleurs une nouvelle alliée: Alexandrine Hugonnier, qui a terminé sa maîtrise et qui a été embauchée par le Centre de services scolaire Kativik pour enseigner le français à l’école Nuvviti à compter de septembre! «Cette embauche m’émeut beaucoup, conclut Geneviève Lafrance. Cela démontre l’impact du projet Un livre à la fois non seulement sur les élèves, mais sur tous ceux et celles qui y participent.»

On peut lire et écouter L’inugagullirq sur le site du projet. Les personnes intéressées à acheter une version imprimée du livre peuvent écrire à Geneviève Lafrance ou contacter le Laboratoire international de recherche sur l’imaginaire du Nord, de l’hiver et de l’Arctique.

Les participantes et participants du projet

À l’UQAM

  • Geneviève Lafrance, professeure au Département d’études littéraires
  • Daniel Chartier, professeur au Département d’études littéraires
  • Alexandrine Hugonnier, étudiante à la maîtrise en études littéraires
  • Roxanne Barbeau-Lépine, étudiante au certificat en création littéraire

À Ivujivik

  • Adami Krnikajak Ainalik, Deseray Qaunaaluk, Elisapi Ainalik, Emily Qissualuk, Mary Mangiok, Siasi Naluiyuk et Ulluria Mangiok, élèves de l’école Nuvviti
  • Nelly Duvicq, diplômée de l’UQAM et enseignante de français en 5e et 6e année à l’école Nuvviti
  • Georges Michel Tamdjou, enseignant de français en 7e année à l’école Nuvviti
  • Siaja Mark-Mangiuk, enseignante d’inuktitut à l’école Nuvviti
  • Thomassie Mangiok, directeur de centre, école Nuvviti
  • Sylvie Roussy, directrice, école Nuvviti
  • Qumaq Mangiuk Iyaituk, artiste visuelle et aînée d’Ivujivik
  • Passa Mangiuk, artiste visuelle et aînée d’Ivujivik
  • Velesie Adams et Louisa Kanarjuak, chants de gorge du livre audio

Autres partenaires

  • Catherine Ego, traductrice littéraire (prise de son, montage et réalisation du livre audio)
  • Yasmine Charara, Centre de services scolaire Kativik

Source : Actualités UQAM

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