Témoignages de nos donatrices et donateurs

Tricoter une société ouverte sur l'art, une maille à la fois

Jo-Anne Kane,
bourse personnalisée

Associer les mots « art » et « corporatif » est plutôt inhabituel. C’est pourtant ce que Jo-Ann Kane s’efforce de faire tous les jours comme consultante en gestion de collections d’œuvres d’art. Il y a une quinzaine d’années, tout était à construire dans ce domaine que cette donatrice s’est approprié d’une main de maître.

Jo-Ann Kane a vécu son premier coup de foudre artistique de manière inattendue à la bibliothèque municipale, dans la section des beaux livres, où elle attendait patiemment ses parents. « J’ai été captivée par un livre portant sur l’œuvre d’Alex Colville, que mes parents ont accepté d’emprunter pour moi. Je voulais toujours le renouveler, jusqu’à ce que la bibliothécaire me dise que ce n’était plus possible! », déclare-t-elle en riant.

Même si ses parents ne l’ont jamais empêché d’assouvir sa passion pour l’art, ils auraient préféré la voir exercer une profession libérale. Malgré un passage enrichissant en psychologie industrielle, ce n’est pas suffisant pour la convaincre. Son intérêt pour l’univers artistique demeure inébranlable. C’est ainsi qu’elle complète son baccalauréat en histoire de l’art à l'UQAM et enchaîne avec la maîtrise en muséologie, offerte conjointement par l’UQAM et l’Université de Montréal. Le cursus du programme, orienté vers l’art contemporain, colle à sa personnalité. Puis, lors d’un stage pour la collection d’œuvres d’art d’Hydro-Québec, elle découvre la gestion des collections privées, une profession largement méconnue à l’époque.

Comme consultante, Jo-Ann Kane œuvre maintenant auprès de plusieurs entreprises, dont la Banque Nationale. Elle constate qu’il existe encore beaucoup d’incompréhension face à sa profession : « Je nage constamment à contre-courant. Ce n’est pas facile, car les membres du personnel ne comprennent pas toujours l’importance d’une collection au sein de leur entreprise et ce qu’implique sa gestion», explique-t-elle. Il n’en demeure pas moins qu’« amener des œuvres de qualité muséale dans le milieu de travail est avantageux autant pour les artistes que pour les employés, qui cessent de voir les œuvres comme une simple décoration ». 

Œuvrer comme professionnelle dans le domaine artistique n’est pas aisé et exige une bonne connaissance du milieu. Pour y arriver, Jo-Ann Kane estime qu’il est primordial de s’impliquer personnellement. C’est pourquoi la Bourse Jo-Ann-Kane, qu’elle a récemment créée, repose en partie sur ce critère: « J’ai vu trop souvent des étudiants arriver avec un idéal et frapper un mur », raconte celle qui a été bénévole et employée du Musée McCord au cours de ses études.

Parallèlement, Jo-Ann Kane est une bénévole engagée dans sa communauté, entre autres auprès des personnes atteintes de problèmes de santé mentale. Souhaitant ajouter une corde à son arc, elle aimerait agir comme mentor auprès de ses boursiers, étudiants à la maîtrise en histoire de l’art ou en muséologie : « C’est trop facile de simplement donner de l’argent. Je veux rencontrer ces personnes et être en mesure de les accompagner si elles le désirent », confie celle qui a siégé au comité du rapport Bourgie sur la philanthropie culturelle.

Que ce soit par la création de cette bourse ou par les actions qu’elle pose quotidiennement, Jo-Ann Kane espère contribuer à tisser les mailles d’une meilleure société : « C’est en aidant les autres et en donnant l’exemple qu’on va contribuer à l’avancement de notre collectivité. En montrant aux enfants à être généreux, ils deviendront des citoyens généreux. Une maille à la fois, nous obtiendrons le tricot d’une société plus équitable », imagine-t-elle de façon artistique.

Pour en apprendre davantage sur la profession de Jo-Ann Kane, lisez le portrait réalisé par Actualités UQAM.

Crédit photo : Nathalie St-Pierre

Publié le 03/11/2016

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