Le 18 septembre dernier, une soixantaine d'étudiants étaient réunis dans un local du pavillon Judith-Jasmin afin de rencontrer leur «jumeau» ou «jumelle». Depuis une quinzaine d'années, les jumelages interculturels ont pour objectif de mettre en relation les étudiants francophones (plusieurs sont inscrits dans un programme en éducation) avec des non-francophones inscrits au certificat de perfectionnement en français langue seconde. «Au total, ils sont 145 étudiants de l'École de langues, du Département d'éducation et formation spécialisées et du Département de communication sociale et publique à participer à l'activité ce trimestre-ci», révèle la maître de langue Myra Deraîche.
Nés en 2002 d'une initiative de la maître de langue Gladys Benudiz et de la professeure associée Nicole Carignan, les jumelages interculturels développent chez les étudiants francophones les habiletés à travailler avec des personnes d'autres cultures, tandis qu'ils permettent aux non-francophones de pratiquer le français et d'apprendre à connaître leur société d'accueil.
Nicole Carignan a poursuivi les jumelages au fil des ans en compagnie de ses collègues maîtres de langue Myra Deraîche et Marie-Cécile Guillot. En 2015, elles ont lancé l'ouvrage Jumelages interculturels. Communication, inclusion et intégration (Presses de l'Université du Québec). «Lorsque le livre a été publié, nous avons été interpellées par un enseignant du cégep Vanier, Philippe Gagné, qui organise depuis trois ans des jumelages entre élèves francophones et anglophones pour briser les deux solitudes, raconte Myra Deraîche. Ses recherches ont démontré, entre autres, que plus les élèves anglophones ont des amis francophones, plus ils sont forts en français et plus ils sont motivés pour l'apprentissage du français.»
Favoriser de nouveaux jumelages
Les échanges avec Philippe Gagné ont mené à la création d'un groupe de recherche ayant pour mission de répertorier les acteurs impliqués dans les jumelages interculturels au Québec et de favoriser la création de nouveaux jumelages interculturels et interlinguistiques entre divers groupes et régions. La coordination des activités de recherche du groupe est assurée par Myra Deraîche et Philippe Gagné.
«Grâce à ce partenariat, officialisé par une entente entre le cégep Vanier et l'UQAM, les chercheurs pourront contribuer au développement, à l'acquisition et à la diffusion des connaissances sur les jumelages interculturels. Ce type d'entente facilite le soutien aux chercheurs pour des demandes de subvention, par exemple», précise Florian Calcus, agent de recherche et de planification au Service des partenariats et du soutien à l'innovation (SePSI).
L'entente en bref
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Susciter une collaboration et des échanges réguliers entre l'UQAM et le CÉGEP Vanier dans le cadre de la recherche sur les jumelages interculturels au Québec.
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Favoriser les projets de recherche collaborative faisant appel aux compétences des deux établissements.
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Favoriser la participation d'étudiants des deux établissements et d'autres qui pourraient se joindre à l'entente.
Tous les ans, Nicole Carignan, Marie-Cécile Guillot et Myra Deraîche suscitent l'intérêt de leurs collègues quand elles présentent les jumelages interculturels dans les congrès et colloques. «Certaines personnes ont tenté de mettre sur pied une activité de jumelage tandis que d'autres sont intéressées à le faire au sein de leur institution et se demandent comment, car ce n'est pas si facile, note Myra Deraîcihe. Puisque nous avons développé une expertise dans ce domaine, nous souhaitions la partager et créer un réseau pour mettre toutes ces expériences en commun, poursuivre les recherches et améliorer les pratiques pédagogiques liées aux jumelages.» L'entente avec le cégep Vanier est un premier pas dans cette direction. Les trois chercheuses travaillent également à la mise en ligne d'un site Web dédié aux jumelages interculturels.
Un prix canadien
Les jumelages interculturels ont obtenu une Mention honorable dans la catégorie Éducation lors de la remise des prix d'excellence de la Fondation canadienne des relations raciales, qui avait lieu à Winnipeg, le 27 septembre dernier.
Le projet avait déjà remporté un prix de la Fondation canadienne des relations raciales, en 2005, et avait valu à Nicole Carignan la Médaille du jubilé de diamant de la reine Elizabeth II en 2012 – une distinction décernée à des citoyens qui ont apporté une contribution significative à leur communauté et à leur pays.
Crédit photo : Nathalie St-Pierre
Source : Actualités UQAM