Il y a deux ans, en janvier 2018, l’UQAM lançait la plus importante campagne de financement de son histoire sous le thème «100 millions d’idées». L’objectif est ambitieux: recueillir sur une période de 5 ans 100 millions $ afin d’appuyer la réussite étudiante et de soutenir la réalisation de projets, notamment en matière de formation, de recherche et de création. Aujourd’hui, l’UQAM a récolté près de 62 millions $ (60 % de l’objectif).
«Nous devrions atteindre la barre des 70 millions $ l’été prochain, dit le directeur général de la Fondation de l’UQAM, Pierre Bélanger. Comme c’est le cas dans toute campagne majeure de financement, le dernier 30 % représente l’étape la plus difficile à franchir.»
Une campagne de financement comme celle de l’UQAM s’échelonne en moyenne sur sept années, explique le directeur général. «Les deux premières, qui précèdent la phase publique de la campagne, sont consacrées à l’identification des projets que l’on souhaite financer, à la mise en place de comités de travail et à des activités de sollicitation auprès de donateurs potentiels.»
De belles surprises
Depuis le début de la campagne, les belles surprises ont été nombreuses, tant au chapitre des dons individuels que des dons corporatifs. Que l’on pense, par exemple, à la remarquable contribution de 1,8 million $ de Paul D. Leblanc, qui devenait ainsi le donateur individuel le plus généreux de l’histoire de l’UQAM. «Ce don permettra l’attribution, chaque année, de deux bourses d’excellence de 30 000 $ à des étudiants autochtones du Québec inscrits au baccalauréat en droit», souligne Pierre Bélanger. Autre don exceptionnel, celui de 1 million $ du géologue Robert Wares, qui vise à soutenir la formation au Département des sciences de la Terre et de l’atmosphère.
«Nos donateurs sont très fidèles, dit le directeur général. Quand nous leurs avons demandé de renouveler leur contribution, leur réaction a été très positive. Résultat: nous sommes en voie de dépasser largement les objectifs que nous nous étions fixés en matière de dons individuels.»
Du côté des dons corporatifs, la situation est plus complexe, reconnaît Pierre Bélanger. «La compétition est grande. Tout le monde souhaite avoir des partenaires institutionnels prestigieux comme Quebecor, Desjardins ou la Banque Nationale. De plus en plus d’entreprises créent leur propre fondation, laquelle s’occupe des questions philanthropiques et de la répartition des dons. C’est avec ces fondations que nous établissons les contacts.»
Depuis quelques années, on assiste aussi à l’émergence de fondations familiales, de nouveaux acteurs dont l’importance est croissante. «Nous devons bien identifier leur corde sensible, observe le directeur général. S’intéressent-elles à l’art, à la santé, à l’environnement?» La Fondation de l’UQAM se réjouit d’avoir reçu, entre autres, un don de 500 000 $ de la fondation familiale Trottier pour créer un nouveau programme de bourses destiné aux étudiants de la Faculté des sciences. Le Centre d’excellence en recherche sur les maladies orphelines, dirigé par le professeur du Département des sciences biologiques Nicolas Pilon, a été créé grâce à un don de 3 millions $ de la Fondation Courtois. Il faut aussi mentionner le don de 1 million $ de la Fondation de la famille Molson, qui permettra à l’UQAM de mettre sur pied une première équipe de hockey universitaire francophone à Montréal.
Une stratégie éthique
Dès 2017, la Fondation de l’UQAM a décidé de se retirer du secteur des hydrocarbures, un sujet qui préoccupait des donateurs et la communauté étudiante. Après s’être départie, il y a plusieurs années, de ses investissements dans les industries du tabac et des armements, la Fondation compte parmi les premières fondations universitaires au Canada à ne plus détenir de placements dans le secteur des énergies fossiles. «De tels investissements sont incompatibles avec la volonté de préserver l’environnement, en particulier avec la lutte contre le réchauffements climatique», déclarait Pierre Bélanger à Actualités UQAM en mai 2019.
Impliquer la communauté universitaire
En 2019, le nombre de donateurs et donatrices issus de la communauté universitaire a augmenté de 14 % et les sommes recueillies ont doublé par rapport à l’année précédente. La Fondation a mis sur pied l’an dernier la plateforme de sociofinancement «Vos idées pour l’UQAM», qui connaît un fort succès. «Il s’agit d’une structure nouvelle et permanente, accessible gratuitement à tous les membres de la communauté universitaire, indique Pierre Bélanger. Elle simplifie et rend plus efficace le processus de collecte de fonds. Un professeur qui a besoin de 1 000 $ pour organiser un voyage à New York avec ses étudiants en arts peut utiliser la plateforme.» Les projets doivent être soutenus par une unité organisationnelle de l’Université ou encore par une association étudiante ou un groupe étudiant reconnu par l’UQAM. «En soutenant la réalisation de plusieurs petits projets, la plateforme permet à la population étudiante, notamment, de s’approprier la campagne majeure», souligne le directeur général.
Plusieurs diplômés de l’UQAM, qui forment la majorité des membres du cabinet de campagne, se sont également mobilisés. Les quatre coprésidents qui assurent le leadership de la campagne, tous diplômés, sont Philippe Meunier (B.A. design graphique, 1992), cofondateur de Sid Lee et de la Factry, Richard Cacchione (c. sciences comptables, 1978), président sortant d’Hydro-Québec Production, Louise Champoux-Paillé (M.B.A., 1987; M.A. muséologie, 2008), administratrice de sociétés certifiée, et Dominique Dionne (B.A. communication, 1979), administratrice de sociétés. Philippe Meunier est aussi l’instigateur du Mouvement des originaux, dont il a rédigé le manifeste. S’inscrivant dans le cadre du 50e anniversaire de l’UQAM et de la campagne «100 millions d’idées», ce mouvement regroupe des diplômés aux parcours remarquables qui agissent comme ambassadeurs de l’Université. Depuis l’an dernier, ils participent à des classes de maîtres où ils partagent leurs réflexions et leurs parcours.
Cinq axes de campagne
L’argent recueilli au cours de la campagne doit servir à soutenir la réalisation de projets répartis selon cinq grands axes d’intervention: «Relever les défis du 21e siècle»; «Appuyer la réussite étudiante»; «Stimuler l’entrepreneurship québécois»; «Faire rayonner le savoir et la culture»; «Renforcer la présence de l’UQAM dans son quartier et dans la ville». Pour la rectrice Magda Fusaro, qui assure une présence constante dans la conduite de la campagne majeure depuis son entrée en fonction, la campagne permettra à l’UQAM de continuer d’innover et de concrétiser des projets porteurs qui auront un impact sur la société.
L’UQAM entend consacrer 33 millions $, soit le tiers des montants récoltés, à l’aide financière aux étudiants, en bonifiant son programme institutionnel de bourses d’études. En 2018-2019, 1 017 bourses ont été remises pour un total de 2,3 millions $ et 101 nouvelles bourses ont été créées. Celles-ci visent à renforcer l’accessibilité aux études, à récompenser l’excellence et à soutenir la persévérance, en particulier aux cycles supérieurs.
Qu’il s’agisse d’appuyer la mise en place d’un centre de recherche, d’assurer le déploiement de l’ESG UQAM en soutenant le projet d’aménagement d’un nouveau pavillon et en mettant sur pied le Carrefour Entreprendre, de moderniser la Galerie de l’UQAM, d’assurer la pérennité du Centre de design, de continuer de faire battre le Cœur des sciences ou de renforcer la programmation des places et espaces publics de l’Université, il faut prendre le bâton du pèlerin pour convaincre les donateurs potentiels, insiste Pierre Bélanger.
Selon le directeur général de la Fondation, certains défis doivent être relevés pour continuer d’assurer le succès de la campagne. «Nous devons faire preuve de créativité, intensifier nos efforts auprès de la communauté d’affaires et développer le sentiment d’appartenance des membres de la communauté universitaire, en particulier des étudiants», conclut-il.
Source : Actualités UQAM
Crédit photo : Nathalie St-Pierre