Cathy Wong : pour une démocratie partagée

Le 11 mars, la présidente du conseil municipal de Montréal Cathy Wong (LL.B. 2008) a offert une classe des Originaux sous le signe de la démocratie. La diplômée a partagé ses réflexions sur la politique et a proposé des pistes pour qu’élus et élues soient davantage à l’image de ceux et celles qu’ils représentent.

Cathy Wong a grandi dans une famille d’origine chinoise où on ne parlait pas de politique. C’est lors de tournois de débats qu’elle faisait plus jeune qu’elle a fait ses premières armes. « Comme je devais parfois défendre des positions contraires aux miennes – comme l’interdiction du droit de vote aux femmes! – j’ai appris à voir les enjeux d’un autre point de vue et à respecter les autres opinions », souligne-t-elle.

Élue en 2017 dans le district Peter-McGill, la conseillère s’est aussi questionnée sur la façon de bien représenter les résidents de cet arrondissement très diversifié. « Il y a des résidents, mais aussi des touristes, des travailleurs, des étudiants, des commerces… On y trouve à la fois les maisons les plus cossues de la ville et un grand nombre de personnes en situation d’itinérance. Comme élue, je dois représenter à la fois les personnes qui ont voté pour moi, celles qui n’ont pas voté pour moi et celles qui n’ont tout simplement pas voté. »

Face à ce défi, Cathy Wong rappelle que son rôle n’est pas d’être une courroie de transmission de la volonté populaire. « Si on avait simplement tenu compte de la volonté populaire, est-ce que la peine de mort aurait été abolie? Est-ce que les femmes auraient eu le droit de vote? », questionne-t-elle. Normal, donc, de ne pas satisfaire tout le monde, tout le temps, si on veut aussi tenir compte des minorités. Et comme première élue d’origine chinoise à Montréal et première femme présidente du conseil, elle mentionne qu’elle sent un devoir de porter particulièrement les voix des femmes et des minorités, et ce « tant que l’égalité n’est pas atteinte. »

Elle a d’ailleurs plaidé pour qu’on fasse une plus grande place aux femmes et aux personnes issues des diversités en politique. « C’est en ayant des personnes issues d’horizons différents qu’on va être en mesure de mieux représenter la population et de tenir compte de ses besoins. » Elle a abordé la question des quotas comme mesure temporaire pour rétablir l’équilibre : « J’en ai bénéficié dans ma carrière et ça m’a permis de faire bouger les choses autour de moi », plaide la conseillère. Et à ceux qui brandissent le danger de ces mesures, elle répond que le véritable danger, « c’est de se priver des personnes qui ne sont pas nées avec les mêmes moyens, les mêmes privilèges ou le même réseau. »

La présidente propose également de mettre les outils numériques au service de la démocratie, pour permettre une meilleure participation citoyenne. Poser des questions aux élus en ligne, webdiffuser les débats, mettre en place des outils pour avoir des institutions plus transparentes sont certaines des pistes de solutions. Mais le numérique n’est pas une panacée : « Pour moderniser la démocratie, il faut regarder devant nous, vers le numérique, mais aussi derrière. Il faut se rappeler pourquoi on s’est battus et continuer d’investir nos institutions démocratiques », conclut-elle.

Grâce à CHOQ.ca, la classe de Cathy Wong sera disponible en baladodiffusion plus tard en 2020.

Photo : Jean-François Hamelin

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