Si son émergence a été motivée par des fins de promotion et de propagande, le cinéma documentaire a obtenu ses lettres de noblesses au cours du 20e siècle. Ce cinéma du réel cherche à montrer ou à explorer la réalité. « On utilise souvent la métaphore de l’album photo, explique la professeure et documentariste Diane Poitras. La production documentaire d’une nation, c’est comme un album de famille : on y retrouve des questionnements, des points de vue, des débats. »
C’est dans les années 1960 que cette forme cinématographique a véritablement pris son envol au Québec avec le développement du cinéma direct. « Le cinéma direct a révolutionné l’approche documentaire avec des caméras légères, du son synchrone et surtout, en instaurant une nouvelle relation entre filmeurs et filmés. La légèreté du dispositif permettait en effet d’entrer chez les gens, de se mêler aux foules, de se déplacer rapidement, et de prendre le pouls de la société. Avec les États-Unis et la France, le Québec était un phare de cette révolution. Des documentaristes comme Michel Brault, Pierre Perrault, Gilles Groulx ont ainsi accompagné les mouvements et les forces qui traversaient le Québec d’alors.
Aujourd’hui, la création d’images documentaires emprunte souvent les mêmes technologies qui transforment le monde contemporain. « Avec les téléphones intelligents, la réalité virtuelle, les médias socionumériques, on continue de redéfinir les termes du documentaire, et cela nous pousse à toujours mettre en perspective les liens entre les formes, prises de parole et techniques, biais par lequel, tout le long de l’histoire du cinéma, nous repensons cet art audiovisuel », expliquent Diane Poitras et Viva Paci.
Au début des années 2010, quelques universités mettent sur pied des programmes d’études sur le documentaire. Pour Diane Poitras, la suite des choses est claire : « On trouvait essentiel de créer un groupe pour fédérer les recherches menées par des professeurs d’ici et pour les emmener plus loin. » En 2016, Viva Paci et elle créent le labdoc (le laboratoire de recherche sur les pratiques audiovisuelles documentaires), la première unité de recherche et de création en son genre au Canada.
Depuis, le labdoc fait connaître et explore les possibilités du documentaire. Création de films en collaboration avec des chercheurs et chercheuses d’autres disciplines, avec des travaux sur les soins de première ligne, l’histoire de l’architecture ou de l’alimentation, rencontres et discussions avec des cinéastes de partout dans le monde et présentation de documentaires et de créations numériques lors des Rencontres internationales du documentaire de Montréal, le labdoc est à l’avant-plan de la recherche en documentaire. « Le cinéma documentaire fait partie de notre ADN au Québec, dit Diane Poitras. Avec nos activités, on participe à le diffuser et à le faire évoluer. »
Pour que le labdoc puisse continuer d’encourager l’audace et injecter des fonds dans ses recherches porteuses, il compte sur la générosité des donateurs et donatrices. « On est dans une période intense, vibrante et pleine d’expérimentation, conclut la professeure. Les dons nous permettront de renforcer nos bases et de continuer de faire briller cette forme d’art dans laquelle notre cinématographie s’est toujours démarquée. »
Le labdoc est l’un des projets phares de la campagne majeure 100 millions d’idées. Contribuez à la poursuite de ses activités en faisant un don en ligne.
Photo : La professeur Danielle Bélanger (U. Laval) et la monteuse Anne-Gabrielle Lebrun-Harpin (membre du labdoc), lors de du programme « Histoires-trajectoires. Regards sur les migrations de masse... », novembre 2019 : une collaboration labdoc et Festival Nomade. Crédit photo : Laurence Ly.