Andréanne Martel, boursière Luc-d’Iberville-Moreau

La doctorante en histoire de l’art Andréanne Martel (B.A. arts visuels et médiatiques, 2021) est lauréate de la bourse Luc-d’Iberville-Moreau. Ses recherches, dirigées par la professeure Christina Contandriopoulos, portent sur la cartographie historique et l’histoire des paysages du Canada des XVIIIet XIXsiècles. Elle se concentre plus spécifiquement sur l’histoire de la représentation insulaire et du littoral afin de réfléchir à la construction du rapport des Canadiennes et Canadiens à la nature et à l’altérité.

Créée grâce à un don majeur de la Fondation Luc-d’Iberville-Moreau, la bourse d’une valeur de 60 000 dollars honore la mémoire de Luc d’Iberville Moreau (1935-2016), qui a été professeur à l’UQAM, directeur et conservateur en chef du Musée des arts décoratifs de Montréal et conservateur au Musée des beaux-arts de Montréal. La bourse encourage les études doctorales dans les domaines de l’histoire des arts décoratifs, de l’architecture, du paysage et du design.

«Dans l’historiographie, les cartes anciennes sont souvent considérées pour leur impact et leur rôle dans l’aménagement du territoire, explique Andréanne Martel. Mon projet de thèse vise à proposer une contre-histoire de la cartographie en mettant de l’avant les “échecs” de ces documents dans les différentes stratégies entreprises par les colonisateurs européens pour contrôler le vivant – humain et non-humain.»

Les réflexions de la doctorante s’articuleront en prenant pour point de départ l’agentivité de l’espace insulaire sur le territoire aujourd’hui nommé «Canada». «L’île de Sable, entre autres, est une étude de cas fascinante, illustre-t-elle. Petite île canadienne située au sud des côtes de la Nouvelle-Écosse, au carrefour de grands courants océaniques, elle est exposée à des brouillards denses et de grands vents, sa forme et ses dunes étant ainsi en constants changements. Alors qu’en contexte colonial le sol est considéré comme une matière inerte, prête et disponible à de multiples interventions humaines, l’île de Sable est une manifestation concrète d’un sol vivant, sujet à des transformations perpétuelles.»

Bien que de nombreux navigateurs aient tenté de réaliser des cartes et que des phares aient été installés pour faciliter la navigation près de l’île, près de 500 naufrages y ont été recensés par le gouvernement canadien, révèle Andréanne Martel. «Une carte réalisée par Joseph Frederick Wallet DesBarres, Isle of Sable 1770-1779, a particulièrement retenu mon attention, car elle représente un espace géométrisé et naturalisé. Au 18e siècle, le processus occidental de réalisation d’une carte étant lié à la vision et aux instruments optiques, cette étude de cas permettra de mettre en contraste le contrôle de la nature par l’image et la vision, et l’expérience d’un monde phénoménal possédant une agentivité particulière.»

La bourse Luc-d’Iberville-Moreau permettra à Andréanne Martel de réaliser sa thèse en cotutelle à l’international. «Je compte mener des recherches en Nouvelle-Écosse et à Terre-Neuve, en plus de me rendre en Angleterre et en France afin d’y consulter des cartes, paysages, dessins, écrits et documents complémentaires à mon corpus», précise-t-elle.

Son mémoire de maîtrise, déposé en décembre dernier sous la direction de Christina Contandriopoulos, s’intitule «Le jardin des Canadas: étude des cartes de Joseph Bouchette (1774–1841)».

Source : Actualités UQAM

Retour à la liste des nouvelles