Michèle Marchand,
bourse personnalisée
Diplômée de l’Université de Montréal en médecine, Michèle Marchand entreprend une carrière de médecin de famille au début des années 70. Forte de ses convictions politiques, elle exerce sa profession à la Clinique des citoyens de Saint-Jacques pendant plus de 12 ans. « Mes collègues et moi redirigions l’essentiel de notre rémunération pour soutenir la coopérative de santé. Je ressentais le besoin d’aider les citoyens de ce milieu ouvrier par souci de solidarité et de justice sociale. »
Parallèlement à son travail, la donatrice entreprend, en 1982, des études de baccalauréat en philosophie à l’UQAM, qu’elle complétera plus tard par une maîtrise et un doctorat dans la même discipline. « Je souhaitais étudier la philosophie par intérêt et pour développer la rigueur intellectuelle propre à ce domaine. Habituellement, la majorité des philosophes évoluent dans un milieu académique. Pour ma part, je faisais le pari que la philosophie pouvait être utile dans les milieux de pratique ainsi que pour alimenter les débats sociaux », admet celle dont la thèse porte sur la métaéthique et l’éthique médicale.
Ses études en philosophie l’ont amené à délaisser la pratique médicale pour assumer, en 1999, le rôle de secrétaire du groupe de travail en éthique clinique du Collège des médecins du Québec et de conseillère en éthique auprès de la direction générale de cet organisme. Ces fonctions, qu’elle occupait jusqu’à tout récemment, lui ont permis de traiter plusieurs dossiers complexes dont ceux des défis posés par le développement de la génétique, de la procréation assistée, du don d’organes, sans oublier la question de l’acharnement thérapeutique, du suicide assisté et de l’euthanasie. «J’ai tenté de mettre ma formation en philosophie et mon expertise médicale à contribution, afin que la réflexion entourant ces enjeux sociaux délicats se fasse le plus rigoureusement et le plus démocratiquement possible. J’avoue que le défi était de taille », affirme très humblement la donatrice.
Michèle Marchand est convaincue que la pratique nourrit la pensée théorique au même titre que la pensée théorique permet de faire avancer nos pratiques sociales. C’est dans cette optique qu’elle a récemment créé une bourse personnalisée destinée aux étudiants à la maîtrise en philosophie ayant terminé leur scolarité et étant au stade de la rédaction au moment du dépôt de la demande. « Mon souhait le plus cher serait que les étudiants s’intéressent davantage à l’apport de la philosophie dans la résolution de problèmes sociaux épineux. Je le dis et le martèle, à mon avis la philosophie procure une largeur de vue et une rigueur intellectuelle essentielles à l’avancement des débats actuels. Si cette bourse peut en inciter quelques-uns à poursuivre dans cette voie, j’aurai accompli ma mission », conclut la donatrice qui croit fermement qu’une carrière universitaire peut servir l’intérêt public à l’extérieur des murs de l’université.
Crédit photo: Nathalie St-Pierre
Publié le 08/12/2015