Mireille Trudeau : une femme entière, passionnée, amoureuse de la vie, une littéraire dans l’âme et une professeure remarquable à la fois sensible au cheminement de chacune de ses étudiantes et de chacun de ses étudiants et soucieuse de leur progrès et de leur persévérance, une féministe engagée, une militante, une intellectuelle doublée d’une grande sportive, une mécène ayant à cœur l’évolution des connaissances à travers la réalisation de projets de recherche dédiés à l’amélioration de la condition des femmes et, ce faisant, à la promotion de la justice sociale et de la dignité des êtres.
Mireille vient au monde au Québec en 1943 alors que les femmes n’ont pas le droit de vote et qu’elles se voient confinées aux activités domestiques. Qu’à cela ne tienne, Mireille fera des études universitaires au moment où ce milieu supérieur du savoir est tout particulièrement l’apanage ou, autrement dit, le privilège des hommes. Elle se révèlera plutôt studieuse prenant bien au sérieux l’évolution de ses connaissances à la faveur de sa soif marquée d’en acquérir toujours davantage. Elle consacrera son mémoire de maîtrise à l’œuvre de Gabrielle Roy, figure emblématique de la voix des femmes en littérature, connue et reconnue à l’échelle internationale. À raison, elle sera fière de ce mémoire qui fera l’objet d’une publication chez Fides au début des années 1970. Mireille fera carrière en tant que professeure au Cégep du Vieux-Montréal, lieu d’effervescence intellectuelle et de débats féconds s’il en est un à l’époque, soit depuis la fin des années 1960 à la fin des années 1980.
Elle s’appliquera à faire en sorte que ses étudiantes et ses étudiants acquièrent une pensée critique et approfondissent leurs connaissances en leur proposant la lecture d’auteurs tels que Baudelaire et Verlaine et en veillant à tenir en classe une discussion sur ce que chacune et chacun en avaient retenu. Elle verra également, en tant que femme elle-même engagée socialement, à éveiller leur conscience en ce qui a trait aux inégalités sociales et à la nécessité de s’indigner face à celles-ci et à agir en conséquence. En ce sens, elle aura été une source d’inspiration pour plus d’une et plus d’un.
Mireille sera une défenseure assidue de la cause et des droits des femmes tout au long de sa vie. Son engagement féministe se traduira notamment par sa participation, d’année en année, à l’organisation des activités entourant la célébration de la Journée internationale des droits des femmes de même que par sa contribution aux travaux de l’Institut de recherches et d’études féministes (IREF) dès les années 1990 à l’aide de ses dons puis de sa présence à divers événements de l’Institut où elle a su partager son expertise et ses idées voire ses idéaux eu égard à la mission de l’organisme.
En outre, en décembre 1989, dans un geste de solidarité et d’affirmation voulant que la lutte liée à l’égalité et aux droits des femmes était en tout point légitime et devait se perpétuer, malgré l’horreur, Mireille assistera à la cérémonie funéraire d’étudiantes à l’École Polytechnique de l’Université de Montréal, dont la vie a été fauchée cruellement sous les tirs d’un homme lourdement armé qui en voulait aux femmes.
Ce jour-là, elle s’alliera à toutes celles et à tous ceux qui refusaient de se soumettre à la violence et voulaient se rappeler que la connaissance constitue une voie ultime contre la haine. Mireille, au-delà de son parcours exceptionnel, aura été une bonne vivante, une femme de compagnie fort agréable et une interlocutrice avisée appréciant converser dans la bonne humeur et discuter en tout respect.
Dotée d’une intelligence et d’une personnalité hors du commun, elle aura été animée par une quête de liberté et le désir profond d’un accomplissement de soi en tant que femme dans ses faits et gestes, y compris dans la pratique de sports diversifiés comme le ski alpin et le ski de fond, la natation, le vélo, le jogging et la randonnée pédestre. En bref, elle aura été une femme aussi inspirée qu’inspirante !
Mireille, au terme de sa vie, aura voulu assurer une certaine pérennité à son engagement social et féministe au moyen d’un legs testamentaire au Fonds de l'IREF et au Fonds Anita Caron-IREF. Ce legs donnera lieu à l’octroi de bourses destinées à des étudiantes et des étudiants dont le projet de recherche porte sur la condition féminine.